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Mercredi 5 et jeudi 6 août avec Louna, nous nous sommes jointes à une partie du petit périple familial organisé par notre amie Kèmi, avec ses fils et ses parents.

Le mercredi, sous un ciel un peu couvert, une nouvelle balade en pirogue, au départ d’Adjarra (après Porto-Novo), sur la Rivière Noire dont les eaux pourtant limpides reflètent cette couleur en raison des débris végétaux  en décomposition dans son lit qui sinue entre des forêts de palmiers raphia (j’en avais déjà parlé ici  en… avril 2012 ^^). Nous avons admiré les ingénieux pièges à hameçon  posés le soir par les pêcheurs qui n’ont plus qu’à venir les relever le lendemain matin. Ce dispositif, outre l’avantage de ne pas nécessiter la présence du pêcheur, permet surtout de ne pas piéger un esprit-poisson (qui sera assez futé pour éviter le piège), contrairement à la pêche au filet qui n’est donc pas utilisée ici. La Rivière Noire est en effet un lieu de culte toujours vivant.

Un petit tour à terre dans Avrankou, ses palmeraies, le travail de ses habitants, les tombes qui jouxtent les maisons et sur lesquelles les enfants n’ont pas peur de jouer, la distillation artisanale du sodabi…









Retour à Adjarra et arrêt chez une famille d’artisans spécialiste de la fabrication des percussions pour une démonstration en accéléré de la fabrication complète d’un djembé (peut-être détaillée dans un prochain billet) et un sympathique atelier de tambourinage collectif à la fin, suivi d’une démonstration joyeuse de danse par les enfants de la maison. Puis dégustation de viande de cochon grillé chez Houssou, établissement à la réputation bien établi dans tout le sud du Bénin.


Enfin départ pour Ganvié depuis Porto-Novo (en passant par les Aguégués, voir des photos ici), trois heures de barque pour traverser la lagune puis les 20 kilomètres de large du lac Nokoué en barque à moteur, avec vagues et embruns qui ont enchanté les enfants, et arrivée en fin d’après-midi pour admirer le soleil couchant et la vie lacustre animée au cœur du village (30 000 habitants quand même !), depuis la terrasse de « chez M », et dîner de poisson braisé tout frais. La nuit blotties sur pilotis, la matinée du jeudi à flâner à la terrasse de l’auberge et en barque dans Ganvié et jusqu’à Sô-Ava, puis nous avons rejoint Cotonou par Calavi (trente minutes de navigation). Nous sommes rentrées ravies en nous promettant d’emmener une prochaine fois les gars en balade sur la journée à  Ganvié.








(Les photos illustrant ce billet ont toutes été prises avec mon téléphone qui n’est pas des plus performant…)

Eyi zaandè !

Notre été béninois étant bien rempli, j’ai un retard certain dans mes comptes rendus… j’en étais à cette balade en pirogue qui a conclu notre après-midi du… jeudi 23 juillet (bientôt un mois de retard, donc) !

Après une longue approche à travers la brousse, en voiture « c’est l’aventure » (Louna^^), nous sommes arrivés à l’embarcadère. La pirogue nous a emmenés à fleur d’eau vraiment (et je ne parle pas seulement des jacinthes d’eau qui dérivaient par tapis entiers), en remontant le long des berges de la Sô. Le bord de la pirogue était vraiment à quelques centimètres de l’eau, limitant nos mouvements pour éviter trop de déséquilibre. Notre gaucherie à bord n’avait d’égale que l’aisance des habitants croisés durant la balade.


Nous avons appris que la jacinthe d’eau, malgré son caractère invasif (voici deux liens pour savoir pourquoi, un article du Monde et une vidéo dans laquelle vous pourrez apercevoir notre super pédiatre, le Dr Mouftaou, sous sa deuxième casquette de « Green Keeper » qui cherche à faire de cette calamité un atout de développement écologique et durable), est pour les habitants des berges un indicateur important  de l’arrivée de la crue qu’ils se doivent d’anticiper. L’habitat comporte d’ailleurs une pièce « hors d’eau » plus haute que la pièce habituelle quand la rivière est basse, qui sert de repli.

Lieu de vie animé, la rivière est non seulement un moyen de déplacement, mais son eau sert à tout : toilette(s), lessive, poubelle… ceci cassant un peu le charme du paysage pourtant agréable.





Nous avons néanmoins apprécié l’aspect apaisant de cette promenade qui nous a permis d’observer de nombreux oiseaux, notamment des martins-pêcheurs, martins-chasseurs aux ailes turquoise et bec rouge, alcyons-pie (une autre espèce de martin-pêcheur tachetée de noir et blanc) et tisserins dont les nids suspendus en forme de boules sont présents par dizaines sur certains arbres (ce qui n’est pas forcément du goût de tout le monde à cause de leurs vacarme et peut-être leurs déjections).


Après avoir remonté la rivière jusqu’au lieu du marché, d’où partent pour Cotonou de nombreuses productions locales, nous avons fait demi-tour et avons regagné notre point de départ non sans avoir tenté un arrêt « architecture » dans un village où notre petite troupe a été un fort centre de curiosité amusée pour les enfants du cru (et même certain adultes), mais en cette après-midi finissante, les nôtres, d’enfants, commençaient à être bien trop fatigués (il y avait eu la route depuis Cotonou et la visite précédente) pour apprécier la rencontre, et le décalage culturel était sans doute un peu abrupt, quoiqu’il me semble nécessaire et intéressant, même à six ans et demi, de prendre conscience de la réalité pour un grand nombre des habitants du pays où nous vivons.




Notre dernière vision en repartant pour la rive opposée a été plutôt incongrue, même si c’est sûrement une réalité quotidienne aussi pour les locaux : une moto sur une pirogue, preuve supplémentaire que tout se transporte sur tout. ^^

Nos dernières excursions bientôt… ;)

Eyi zaandè !

Le jeudi en début d’après-midi, nous avions donc rendez-vous pour visiter la réserve naturelle communautaire de la vallée du sitatunga, du nom d’une antilope aquatique vivant en zone humide, présente sur le site. Nous avons pu avoir un aperçu (en captivité) de la biodiversité locale, pour la plus grande joie des enfants, des poissons (poisson-éléphant et poisson électrique étant les plus pittoresques) aux reptiles en passant par les rongeurs, en bénéficiant des explications d’un guide. Nous n’avons pas visité la ferme aquacole (visite que j’avais faite il y a 8 ans avec des collègues de l’école^^), mais avons ensuite fini l’après-midi avec une balade en pirogue.

Un crabe que Solal aurait bien vu dans son assiette…


le fameux poisson-éléphant et sa trompe ^^ :

des rats de Gambie:

Mais que regardent-il et elles donc avec autant de curiosité ?

Des bébés crocos nains miniatures…

…et leur maman

Un python (heureusement derrière une vitre)… je n’ai pas immortalisé le cobra cracheur et ses copains…

un varan assez long (au moins un mètre, queue non comprise)

pas besoin de légende pour celui-ci…il devait bien mesurer deux mètres cinquante (ce qui est petit mais suffisamment impressionnant quand on se trouve à peine deux mètres au-dessus de lui)

Une civette

et le fameux sitatunga ou guib d’eau, aux yeux si doux et aux longs sabots fins et fendus qui lui permettent de patauger dans la vase des marécages, très ferreuse ici comme en témoigne la couleur des flaques.


C’est officiel, Solal, enthousiaste, veut revenir ici aussi. :) Les filles ont bien apprécié également.

A suivre : la balade en pirogue. Eyi zaandè !

Samedi dernier, nous nous sommes rendus en famille(s) au sanctuaire des singes de Drabo Gbo, situé sur la commune d’Abomey-Calavi. Bouffée de nature et dépaysement garantis, à environ 45 minutes de route (et de piste) de chez nous.

 


Un specimen de cola gigantea :

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C’est la deuxième fois que nous y allons, la première en mars avait malheureusement été frustrante car nous étions arrivés en même temps que la pluie (qui n’était plus tombée plusieurs mois), ce qui ne nous avait pas permis de visiter le site. Néanmoins l’accueil chaleureux de M.Neuenschwander (« Vous avez amené la pluie, c’est joli! » ^^), propriétaire et initiateur du projet, nous avait donné envie de revenir. Cette fois il n’était pas là mais son second, M.Louis Houngué, nous a tout aussi chaleureusement accueillis.
Sur la parcelle de forêt de 5 des 14 hectares reboisés et protégés par M.Neuenschwander, où se trouvent sa maison et une partie de la colonie de singes à ventre rouge (espèce très menacée), nous avons pu observer de tout près ces rois des lieux, partiellement nourris chaque jour de fruits : c’était l’heure du repas.
Voici quelques photos prises par ma copine Sophie Négrier, talentueuse photographe qui a, bien mieux que moi et mon téléphone, capté ces chouettes moments.

Monsieur Louis nous a ensuite emmenés faire un tour dans la forêt, en nous parlant des nombreuses espèces végétales présentes sur la parcelle appartenant à la pharmacopée traditionnelle, notamment un arbre dont l’écorce, en décoction, soigne les caries.

Noix de kola  (se mangent mais très amères) :


Contrairement à nos attentes, nous n’avons plus croisé les singes, qui nous avaient sans doute assez vus ^^, mais nous avons en revanche remarqué d’autres espèces animales qui nous ont fait nous sentir un peu aventuriers… Des iules à tous les détours du sentier, ce qui a bien dégoûté les enfants. En voici une à l’entrée du sanctuaire, près de la maison :

Et quelques (grandes !) araignées impressionnantes quoique paisibles :

Une bien chouette sortie, qui nous a changé de l’ordinaire. Nous reviendrons avec d’autres copains, c’est sûr, car même Solal, d’habitude casanier, m’a confié qu’il a hâte d’y retourner !

Eyi zaandè ! ;)

Ça y est, on l’a fait, notre petit voyage en famille à la Pendjari !
Contrairement à ce que j’avais initialement prévu il y a 7 ans, je n’étais jamais retournée dans ce magnifique parc (la vie est facétieuse), alors en cette année de double 5ème anniversaire, hop ! d’un trait de bus (interminable et épique: plus de 12h quand même ! pour environ 600km, avec le détour par Parakou, et malgré la brièveté des 3 ou 4 stations et 3 pauses-pipi n’ayant guère excédé 35 à 40 minutes maxi au total pour tout le trajet) nous nous sommes rendus d’abord jusqu’à Natitingou, où notre guide, Marcel, est venu nous chercher pour nous déposer à l’hôtel histoire de récupérer, avant de reprendre la route le lendemain vers 8h30 (bien tassées… nous ne sommes pas des champions du décollage rapide) vers l’entrée du parc à Batia, via Tanguiéta où nous nous sommes arrêtés pour quelques emplettes (eau et goûters pour 2 jours). Nous sommes donc entrés classiquement un peu avant midi, comme le font, je crois, beaucoup des touristes qui viennent pour 24h.


Après avoir pris une première photo devant une des innombrables termitières « cathédrale » (pour rappel Roméo mesure 1m84),

bim ! première rencontre au bout de 10 minutes à peine : un petit groupe d’éléphants (6 ou 7), que nous voyons de très près dans le lit et sur le rivage asséchés d’un cours d’eau. Nous restons plusieurs longues minutes à les regarder, fascinés. Ils restent calmes quoique sur la… défensive (haha).



En fin de journée nous aurons l’occasion de constater de visu de quoi sont capables ces charmantes bêtes quand Marcel nous montrera les dégâts occasionnés sur le tronc d’un baobab


ainsi que quelques arbres carrément couchés au sol après leur passage…

La photo ci-dessus est prise depuis le toit du 4×4, aménagé de façon à pouvoir y siéger pour avoir une meilleure vision panoramique. En fin d’après-midi vers 17h c’était vraiment très agréable, beaucoup plus qu’en plein soleil de 13h où je me suis repliée à l’intérieur très vite. Louna a adoré et a été très à l’aise, Solal un peu moins (sauf quand il était esquiché entre son père et moi^^).


C’est grâce à ce dispositif que nous apercevrons deux lions au large de la piste, se faufilant parmi les herbes hautes de la savane jusqu’à l’abri de basses branches d’où ils ne daigneront plus bouger malgré notre attente. Pas très spectaculaire, mais nous pouvons quand même dire que nous en avons vu en vrai et en liberté ! D’autres touristes et notre guide ont  entendu feuler à proximité de notre hébergement durant la nuit (vers 1h30/2h du matin), mais pour notre part nous étions trop lourdement endormis. Le lendemain matin, nous nous lèverons très tôt en espérant les recroiser et les surprendre, mais en vain.

En attendant nous allons croiser tout au long de l’après-midi un grand nombre d’antilopes, notamment les cobes de Buffon, espèce très présente sur le parc, et très gracieuse, qu’il s’agisse des femelles ou des mâles…




mais aussi des guibs harnachés,


des hippotragues (antilope-cheval), très grands et trappus,

ou encore des bubales majors, à la tête allongée caractéristique, et auxquels Roméo a trouvé l’air triste…

Ce qui est frappant également, c’est la richesse et la diversité de l’avifaune, des espèces les plus courantes aux plus rares. Voici quelques specimens :
oies de Gambie


ombrettes

bucorves d’Abyssinie (la femelle a la gorge bleue et le mâle, rouge)


aigle bateleur

héron cendré

perdrix

amarante du Sénégal (tellement petite que même en zoomant à fond je n’ai pas pu m’approcher assez)

et plein d’autres que je n’ai soit pas pu prendre en photo, comme les perruches à collier d’un vert magnifique, les non moins superbes rolliers aux plumes bleutées, un marabout, des pintades, des tourterelles, des aigrettes, des vanneaux éperonnés (ces deux dernières espèces peuvent apparaître de loin sur des plans larges de mares), soit pas identifiés…

Nous avons encore aperçu plusieurs espèces de singes : patas (ou singe rouge, très fin, léger et rapide),


babouins,


vervets…

Nous avons aussi fait, lors de ces 24h, quelques arrêts appréciés – entre autres parce qu’ils nous permettaient de nous dégourdir un peu les jambes – près des mares Bali et sacrée, où évidemment les animaux sont assez nombreux à tout moment. Les belvédères permettent de les observer à l’aise et en sécurité. Et c’est toujours étonnant de voir se côtoyer les cobes et les crocodiles sans que les seconds n’attaquent les premiers…







Dame tortue semble prendre le dos de l’hippopo pour un gros rocher… ^^


Attention car ces lourdes bêtes sont, nous informe Marcel, les plus dangereuses du parc : l’homme est leur ennemi juré, et bien qu’il ne puisse guère s’éloigner longtemps du bord, si un hippopotame se met à vous courir après ou à vous charger dans l’eau, votre compte est bon.


Il ne me reste plus qu’à compléter cette revue avec les buffles, et vous aurez un aperçu assez complet de nos pérégrinations pendjariennes.

Un petit bonus pour la route : Loulou s’est mise à la chasse photographique comme maman ! ;)

Eyi zaandè !

La Fondation Zinsou ne fait pas l’unanimité pour diverses raisons, là n’est pas mon propos. On peut l’aimer ou la critiquer, force est de reconnaître qu’elle propose depuis 13 ans des expositions de qualité, et c’est encore le cas avec l’exposition COTONOU(S), histoire d’une ville « sans histoire » qui vient d’être inaugurée début novembre et qui reste visible jusqu’à fin avril.

Les commissaires de l’exposition, tous deux chercheurs, Riccardo Ciavolella, anthropologue, et Armelle Choplin, géographe et urbaniste, qui résident au Bénin depuis environ deux ans, ont mis en valeur et en perspective(s) une large collection privée d’images et documents anciens appartenant à Marie-Cécile Zinsou qui souhaitait la mettre à disposition du grand public « dans le cadre d’une exposition à vocation pédagogique et scientifique ». Défi relevé haut la main. La scénographie de l’exposition, très immersive et soignée, est accessible à des publics de tous âges et tous horizons. Timelapse de l’évolution de Cotonou depuis le 18e siècle, maquette sur laquelle replacer des points de repères sculptés, jeu de correspondance entre les noms de quartiers et leur signification, et, bien évidemment, centaines de photos, cartes postales (avec, pour certaines, la photo correspondante aujourd’hui, qui nous fait redécouvrir un bâtiment d’hier recouvert par l’urbanisation, comme un palimpseste de la ville actuelle), couvertures de journaux du 19e siècle…


(photos issues du compte Twitter de M.-C. Zinsou )

Après avoir eu le plaisir de découvrir cette expo lors d’une séance réservée aux enseignants, j’emmènerai prochainement les enfants et certainement des élèves.

Cette exposition, qui se présente comme « une invitation faite aux Cotonois, et à tout habitant ou visiteur, de redécouvrir l’histoire de leur ville », mériterait d’être permanente. Heureusement,  ses deux co-commissaires ont eu la pertinente idée d’en faire un catalogue très complet et passionnant (que je n’ai encore que parcouru et que j’attends de pouvoir dévorer), qui enrichit encore par quelques documents extérieurs l’iconographie déjà conséquente présentée sur place, et accessible non seulement en version imprimée pour la très modique somme de 2500 cfa (j’en ai donc acquis plusieurs exemplaires ^^), mais aussi en téléchargement gratuit (pour ceux qui n’ont pas la chance de se trouver à Cotonou durant les six prochains mois) : ici . On ne saurait trop chaleureusement les féliciter et les remercier pour ce fantastique travail ! Et leur souhaiter bon vent pour leur prochaine destination.

Ciao… Eyi zaandè !

 

Lu sur le site http://www.un.org/fr/events/womensday/ 

« L’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes et des filles sont les véritables gageures de notre époque et le plus grand défi que le monde ait à relever en matière de droits fondamentaux. » — Message du Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres
et aussi :
« Faisant écho au thème prioritaire de la 62e session de la Commission de la condition de la femme des Nations Unies, la Journée internationale des femmes attirera également l’attention sur les droits et l’activisme des femmes rurales qui, bien qu’elles représentent plus d’un quart de la population mondiale, sont laissées pour compte dans chaque aspect de développement.
La Journée internationale des femmes 2018 est l’occasion de transformer cette dynamique en action, de favoriser l’autonomisation des femmes dans tous les contextes – ruraux et urbains – et de célébrer les activistes qui travaillent sans relâche à revendiquer les droits des femmes et à réaliser leur plein potentiel. »

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En cette journée internationale de la femme, j’étais donc conviée chez une collègue, Karine Bonnifait, fondatrice et présidente de l’association Ya tchegbo (association franco-béninoise fondée le 10 février 2016, dont le siège se trouve à Poitiers), qui nous a présenté son remarquable projet, à savoir la création d’un centre d’hébergement et de réadaptation sociale pour les femmes victimes de violences, sous la forme d’une ferme d’insertion éco-responsable, à 1h15 de Cotonou.

La soirée a commencé par un bref aperçu des violences faites au femmes au Bénin.
Un rapport commandité par le Ministère béninois en charge de la famille révèle qu’en 2010, au moins 70% des femmes ou filles (qui constituent 52% de la population) ont déclaré avoir subi au moins une fois au cours de leur vie des violences, qu’elles soient physiques (y compris sexuelles évidemment), psychologiques (brimades et intimidations au quotidien), économiques (entrave à l’exercice d’une activité générant un revenu), patrimoniales (spoliation des droits par exemple privation d’héritage…)… Ces violences sont infligées par le conjoint, la belle-famille, ou parfois la famille elle-même,  à tous les niveaux de la société, et malgré l’arsenal juridique dont s’est pourvu le Bénin depuis 2004, leur perpétuation est liée en grande partie à des facteurs socio-culturels (par exemple le poids des traditions et des préjugés au sein de la famille et dans l’éducation), ainsi qu’au manque d’instruction de la population féminine, qui pour une large part ne connaît même pas l’existence de ses droits juridiques.

Il existe aujourd’hui au Bénin, suite au projet « Empower II » à l’initiative du président Obama qui a couru de 2013 à 2017, 3 centres intégrés de prise en charge (CIPEG) des  victimes de violences fondées sur le genre, par des équipes pluridisciplinaires (médecins, infirmières, assistants sociaux…), mais aucune structure d’accueil post prise en charge, rendant quasiment impossible la réinsertion des femmes victimes, qui, en retrouvant leur communauté, seront systématiquement pointées du doigt voire harcelées (de quoi les décourager de dénoncer leur calvaire).

C’est ce manque que vise à combler Ya tchegbo, en se fixant deux missions principales, l’une psychosociale et l’autre éducative, afin de conduire les femmes vers l’autonomie :
– en les accueillant, avec leurs enfants, dans une structure dédiée pour leur permettre de se reconstruire, de restaurer leur estime d’elles-mêmes, en les accompagnant à réfléchir à leur projet de vie ultérieur en suscitant l’initiative entrepreneuriale, en (re)créant des liens avec leurs familles,
– et en les formant, non seulement par le développement de connaissances pratiques et théoriques liées à diverses techniques de cultures et d’élevages, mais également par l’alphabétisation, leur permettant de prétendre à leur sortie du centre à une activité source de revenu.

Ya tchegbo (« Les malheurs sont passés ») se propose aussi d’accueillir de la même façon des toxicomanes en postcure, afin de réduire les risques de rechute face à un phénomène en expansion au Bénin.

En deux ans (dont seulement un an d’existence reconnue au Bénin, depuis mars 2017), l’association a déjà bien avancé (lire un article béninois récent ici) : acquisition et remise en état d’un terrain de 3 hectares (défrichage, réaménagement d’une pisciculture, d’une bananeraie, création d’un forage et d’un château d’eau inauguré la semaine dernière, les plans et la maquette du centre existent déjà… il faut maintenant construire les bâtiments) et signature de nombreux partenariats, y compris à l’échelon ministériel.
Le centre ambitionne d’accueillir à moyen terme 32 femmes et leurs enfants (ce qui est une goutte d’eau face aux besoins mais les petits ruisseaux font les grandes rivières, et le projet essaimera peut-être), tout en promouvant une agriculture raisonnée et écologique (zéro pesticide et engrais chimique, maîtrise de la gestion des déchets, de la consommation et de la récupération de l’eau, autonomie énergétique grâce aux panneaux solaires, autosuffisance et vente à l’extérieur des produits de la ferme…). Le suivi des résidentes, qui bénéficieront d’une période d’accueil de 6 mois renouvelable une fois, pourra se prolonger encore 6 mois après leur sortie, par le déplacement à domicile de l’équipe, voire être assorti d’un micro-crédit pour financer leur projet.

Bref, j’ai été très impressionnée par le sérieux et la cohérence du projet, et l’implication de la cinquantaine de bénévoles que compte déjà l’association en France et au Bénin, où a été  créé un Conseil consultatif rassemblant des intervenants divers (médecin, avocat…) chargés d’apporter un éclairage local sur les problématiques abordées et favoriser, par leur connaissance de la culture et des usages béninois, l’acceptation du projet par les populations concernées.

C’est la raison pour laquelle j’ai choisi d’en parler ici : si vous êtes intéressé, n’hésitez pas à parler de cet article autour de vous ou à le partager  sur vos réseaux sociaux, et à visiter la page Facebook de Ya Tchegbo, qui a besoin d’un large soutien et auprès de laquelle, en tant qu’association reconnue d’utilité publique en France, les dons sont déductibles des impôts à hauteur de 66%.

En attendant, la Journée de la femme reste un bon prétexte commercial pour certains : cette année, selon une commerçante burkinabé, « il n’y a jamais eu autant de modèles de pagnes de 8 mars »… il n’y a pas de petit profit.

Eyi zaandè !



Hier soir nous nous sommes rendus à l’Institut Français du Bénin pour écouter Florent Couao-Zotti, auteur béninois multi-casquettes et Alexandra Huard, illustratrice française super talentueuse, présenter leur collaboration sur un magnifique album tout récemment sorti des presses des éditions Sarbacane : Le lance-pierres de Porto-Novo.

Ce qui m’a tout de suite plu, c’est l’enthousiasme d’Alexandra Huard, à l’origine du projet, pour le Bénin,  qui transparaît sans équivoque à travers ses illustrations captivantes avec un petit je ne sais quoi de vintage, aux couleurs chatoyantes, aux jeux d’ombres et de lumière subtils, aux détails précis et délicats (les motifs des pagnes sont d’une fidélité stupéfiante), pour croquer de façon à la fois réaliste et poétique un quotidien contemporain plus vrai que nature.
Il suffit d’un petit tour sur le blog de cette artiste passionnée pour voir une présentation vidéo avec laquelle je ne saurais rivaliser ou lire son billet parlant de la genèse de cet album.

Vous y verrez aussi quelques images qui rendront bien plus justice à son travail que les pauvres photos que j’ai essayé de prendre (n’en étant pas du tout satisfaite comme en témoigne ma première photo, j’ai d’ailleurs emprunté les deux autres images postées ci-dessus au fameux géant de la vente en ligne… mais cela reste un pâle reflet de la beauté originale des peintures, que nous avons la chance en ce moment d’admirer à l’IFB où elles sont exposées !) ainsi que de très belles photos en noir et blanc prises par Alexandra lors de ses séjours au Bénin.

L’histoire, quant à elle, n’est pas en reste : c’est un « conte » actuel (ou plutôt une petite tranche de vie bien réelle dans un Bénin d’aujourd’hui, mais porteuse d’une leçon) qui a le double mérite de mettre en scène dans un décor local et contemporain, de jeunes héros locaux et contemporains auxquels les enfants béninois (et plus largement africains) peuvent vraiment s’identifier, enjeu d’importance dans le domaine de la littérature de jeunesse,  mais exception dans une même littérature de jeunesse très majoritairement « blanche », et pour le moment encore parent pauvre d’une littérature africaine pourtant bien vivante. Mais pas seulement : car c’est là toute sa force, cette histoire sensible, tout en faisant directement référence à une réalité sociale et culturelle locale (la sorcière), illustre aussi une problématique  universelle (le rejet de l’autre et la médisance) qui parlera à tout un chacun.

Deux jeunes garçons, dont l’aîné apprend au plus jeune, en vacances chez son oncle, à manier le lance-pierre en visant des oiseaux, vont faire incidemment la rencontre d’une vieille femme que l’opinion publique, ignorant pourtant tout de son douloureux parcours, considère comme une « sorcière » et une « mangeuse d’enfants ». La réalité qu’ils vont découvrir est évidemment tout autre, et la prétendue ogresse va leur délivrer un bel enseignement, mais je n’en dis pas plus pour ne pas trop déflorer le plaisir de la lecture.

Bien que l’illustratrice elle-même juge l’album plutôt adapté à des enfants de 7 à 14 ans, je peux témoigner, après avoir commencé la lecture à Solal et Louna dès notre retour, que ce livre somptueux est susceptible d’intéresser des lecteurs dès 3 ans et demi (et bien au-delà de 14 ans) ! ^^ Chacun trouvera ce dont il a besoin dans cette pépite éditoriale.

J’ai maintenant grande envie de découvrir l’univers personnel complet de chacun des deux auteurs.

C’était une sixième participation occasionnelle au chouette rendez-vous « Chut, les enfants lisent ! » du blog Devine qui vient bloguer ?

Eyi zaandè !

Deux petits vélos sur le toit, une glacière et une valise dans le coffre
Une heure de route tranquille à l’heure de la sieste, suivie de six kilomètres de piste, cailloux, ornières et cahots
Le Royal Paradise Hotel tout près d’Allada
Une oasis étonnante perdue en pleine campagne, un havre de fraîcheur et de paix
Une piscine accueillante, des sauts, des éclaboussures, des rires, une petite frousse à cause d’un requin imaginaire ^^
Un peu de lecture entre deux ploufs
Du soleil, de la brise, des nuages, des averses, des éclaircies, de la chaleur
De bons petits plats, des frites délicieuses, un hébergement confortable
Des enfants heureux, fourbus d’une saine fatigue
Un caméléon, un beau papillon, un drôle d’insecte non identifié
Une partie de baby foot en famille
48 heures de détente un peu trop courtes mais bienvenues
Qu’est-ce que c’était bien !

Eyi zaandè !

boit la  tasse, mec
la taspèque
la pastèque… rhââââ, pastek
pas skate non plus
la « pasket » ! pfffiouuu… quelle chaleur !

pasket

(sisi, c’est bien un jus d’ananas et pastèque, en fait !…)

Eyi zaandè !