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Depuis 3 ans, j’éprouvais des difficultés pour lire : concentration, performance, temps…alors que je craignais de ne plus pouvoir retrouver ma capacité de lecture « d’avant », avoir tenu, cette année, la liste de tout ce que j’ai finalement lu m’a rassurée. :) Je me la remets donc ici pour mémoire.
Je ne suis pas arrivée au bout de certains titres, mais relativement peu. Je me congratule donc pour cette bonne surprise : me voici revenue en terre de lettres.

Bilan d’une année scolaire de lectures… de septembre à début juin. Vive le CDI ! En gras sont signalées mes lectures les plus marquantes.
En B.D.:
Ce n’est pas toi que j’attendais, de Fabien Toulmé, sur la venue au monde d’un enfant touché par une trisomie 21 non détectée pendant la grossesse ni à sa naissance, très touchant
Un océan d’amour, de Wilfrid Lupano et Grégory Panaccione, bd muette hilarante nous faisant voyager de la Bretagne à l’Amérique et retour
Au revoir là-haut, de Pierre Lemaître et Christian De Metter, qui m’a donné envie de lire le roman (prix Goncourt 2013) dont elle était adaptée
Varto, de Gorune Aprikian et Stéphane Torossian, sur le génocide arménien fui par deux enfants
Catharsis, de Luz une tentative pour exorciser l’attentat de Charlie Hebdo
Mots rumeurs, mots cutter, de Charlotte Bousquet et Stéphanie Rubini, dont je me suis demandée si je n’allais pas l’utiliser en heure de vie de classe avec mes 5e
Vingt mois avant, d’Alain Ayroles et Jean-Luc Masbou, le 1er tome du prequel de la cultissime série De cape et de crocs
Zaï zaï zaï, de Fabcaro, d’un burlesque complètement délirant mais tellement bien vu sur les dérives d’une société de plus en plus suspicieuse et intolérante
La Dame de Damas et Le printemps des Arabes, de Jean-Pierre Filiu (spécialiste du Moyen-Orient) et Cyrille Pomès (pas fini le second titre par manque de temps de cerveau disponible)
Berlin La ville divisée, histoires contemporaines, de Susanne Buddenberg et Thomas Henseler, qui fait revivre le temps d’avant la chute du mur et des passages risqués de l’est à l’ouest
Les carnets de Cerise (tomes 1,2,3), d’Aurélie Neyret et Joris Chamblain, une bien sympathique bd à destination des collégiens
Pico Bogue (tomes 1 et 2), de Dominique Roques et Alexis Dormal, entre profondeur existentielle et dérision, qui m’a donné envie de lire les 7 tomes suivants ^^
Couleur de peau : miel, de Jung, une trilogie sur l’adoption en Belgique d’un enfant coréen hanté par le souvenir fantasmé de sa mère, dont j’aimerais bien aussi voir le documentaire/film d’animation
Reportages, de Joe Sacco, auteur de BD et journaliste, une manière intéressante de traiter l’actualité, mais pas fini par manque de motivation et d’énergie
Journal d’Anne Franck (L’Annexe : notes du journal du 12 juin 1942 au 1er août 1944), de Nadji et Antoine Ozanam, une adaptation plutôt très fidèle
Give peace a chance (Londres 1963-75), de Marcelino Truong, pas fini mais je pense qu’il aurait fallu que je commence par lire, du même, Une si jolie petite guerre (Saïgon 1961-1963)
En silence, d’Audrey Spiry, avec un magnifique et très original graphisme (merci Coco pour le cadeau !)
Les esclaves oubliés de Tromelin, de Sylvain Savoia carnet de voyage rendant compte d’une expédition archéologique sur les traces d’un navire négrier naufragé qui abandonna sa « cargaison » sur un îlot perdu au beau milieu de l’océan indien
Pas de visa pour Aïda, de Nadège Guilloud-Bazin, dont j’ai aimé les couleurs et les dessins mais dont j’ai trouvé très confuse la narration de ce refus de visa à une professeure de français sénégalaise
– et d’autres, juste feuilletée vite fait en passant…

En littérature générale:
Le passeur, de Lois Lowry, un grand classique de la dystopie qui ne vieillit pas, parfait pour les 3e
Chocolat, la véritable histoire d’un homme sans nom, de Gérard Noiriel, un livre touffu entre biographie romancée et fiction d’historien, sur le fameux clown noir bien connu du public parisien de la fin du XIXe siècle (j’aimerais d’ailleurs voir le film qui s’en est inspiré), dont je n’ai pu venir à bout
Autour de ton cou, nouvelles de Chimamanda Ngozi Adichie (Nigéria) aimé +++ et qui m’a donné envie de lire un jour son gros roman Americanah
Le Bonheur, comme l’eau, nouvelles de Chinelo Okparanta (Nigéria)
Une saison blanche et sèche, d’André Brink (Afrique du sud), qui fait froid dans le dos (abandonné par manque de temps mais dont j’aimerais voir l’adaptation au cinéma)
Le pire concert de l’histoire du rock, de Manu Causse, un roman pour ado très sympa et vite lu
Le tour du monde en 72 jours, de Nellie Bly (plus forte que Philéas Fogg !) qui m’a fait découvrir à ma grande surprise que la réalité dépassa la fiction en 1889
Des souris et des hommes, de John Steinbeck, une relecture rapide et fort appréciée
Biogée (quelques extraits en diagonale), de Michel Serres, pour les oraux blancs du bac, inclassable mais intéressant, encore à notre programme de 1ère l’an prochain
Récits des marais rwandais, une trilogie de récits recueillis par Jean Hatzfeld sur le génocide de 1994 : Dans le nu de la vie, témoignages, en 2000, de rescapés tutsis qui m’ont marquée au-delà du dicible en m’obligeant à prendre acte que n’importe lequel d’entre les hommes peut, avec une bonne propagande, devenir du jour au lendemain un tueur de sang-froid, sans scrupules ni doutes pourvu qu’on l’assure de l’impunité; Une saison de machettes, récits en 2003 du génocide appréhendé du point de vue des tueurs hutus, désolant; La stratégie des antilopes, sur une tentative politique (impossible) de réconciliation des victimes et des bourreaux lorsque ceux-ci commencèrent à sortir de prison, en 2007
Arthur Rimbaud, le voleur de feu, de Sarah Cohen Scali, qui m’a permis de changer (en mieux, même si je n’ai pas tout aimé) mes préjugés sur ce roman qui est une première approche de l’univers et de la biographie du jeune poète prodige de la fin du XIXe siècle
La mort du roi Tsongor, de Laurent Gaudé, relecture partielle et frustrante car inachevée par manque de temps
L’homme qui plantait des arbres de Jean Giono, adapté en 2002 en un très beau court métrage d’animation canadien
Au revoir là-haut, 600 pages, donc, sur l’après-guerre de 1914-18 et l’arnaque la plus folle de deux poilus laissés pour compte, de loin préféré à son adaptation en bd
Le bizarre incident du chien pendant la nuit, de Mark Haddon, super
Indignez-vous de Stéphane Hessel, enfin lu après des années à traîner dans ma pile de lectures
Le vieux qui lisait des romans d’amour, de Luis Sepulveda, lui aussi sur ma pile à lire depuis looongtemps.
Si c’est un homme, de Primo Levi, sur lequel tout a déjà été dit et écrit, lecture malheureusement interrompue à cause des contraintes de fin d’année, mais qui m’a redonné envie d’aller chercher dans les bacs du CDI la BD de Pietro ScarneraUne étoile tranquille, portrait sentimental de Primo Levi que j’avais feuilletée rapidement

Et bien sûr je ne parle pas de la littérature de jeunesse version 3 ans, qui est mon quotidien. ^^ Malgré tout, gros regret de n’avoir pu suivre jusqu’au bout, par manque de temps à y consacrer, le passionnant MOOC « Il était une fois la littérature jeunesse », auquel je m’étais inscrite en février sur la plateforme Fun Mooc.

Regret aussi de ne pas (encore) avoir trouvé le bon moment pour m’atteler à la lecture de deux gros romans: Le Chardonneret de Donna Tartt, et Les corrections de Jonathan Frantzen, dont je ne doute pourtant pas un instant de l’intérêt (Hélène si tu passes par là, sache qu’ils ont pourtant toujours été tout près de moi… et qu’ils vont probablement me suivre dans l’avion). Pincement au cœur aussi, déjà, en sachant que les lectures de vacances, qui m’apparaissent toujours comme une oasis riche de promesses en tous genres, seront en (grande) partie à consacrer aux programmes, notamment celui de Première que je vais redécouvrir après 5 ans de pause et qu’il me faudra maîtriser sur le bout des doigts avant la rentrée…

Voici voilà ! Et vous, qu’avez-vous à me recommander ?
Eyi zaandè !

Revoilà un petit billet sur nos lectures à l’occasion du rendez-vous « Chut, les enfants lisent »

Ça fait un bon moment que « Le lion est mort ce soir » est un tube de Sol et Lou à la maison, il est d’ailleurs en passe d’être supplanté par les chansons du film d’animation (celui de 1967) du Livre de la jungle, alors j’ai décidé d’en profiter pour faire dernièrement deux petits ajouts thématiques à notre bibliothèque  et rétablir la vérité : le roi de la jungle n’est pas le lion !

On avait déjà C’est à moi, ça ! de Michel Van Zeveren, qui commence par la fameuse phrase « Dans la jungle, terrible jungle… » et met en scène une petite histoire à tiroirs et à chute très drôle avec une grenouille, un serpent, un aigle et un varan très avides, un éléphant fort urbain et un œuf de crocodile qui éclôt à point nommé.
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Nous avons complété avec un petit album « pop up » La jungle de Fiona Watt, Alessandra Psacharopulo, Suzie Harrison, tout mignon, avec de jolies couleurs, des petits reliefs sur le fond des pages, des animations attrayantes et plein de détails à observer dans les illustrations, qui a instantanément plu aux enfants dès la première lecture.
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Le cri de chaque animal a aussi beaucoup de succès. ^^
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Dans un tout autre registre, un album très grand format (28 x 37cm !) fabuleux, un vrai livre d’artiste : Ma Jungle, d’Antoine Guillopé, avec des dessins découpés au laser toutes les deux pages et une alternance de pages à fond noir ou blanc ponctuées de touches de couleurs vives de sorte qu’une même illustration s’admire recto et verso.
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Ce concept nous fait littéralement suivre d’un point de vue subjectif la déambulation du félin qui se dévoile à la fin, jouant même sur les angles de vue (une page en contre-plongée sous les palmiers, que je n’ai pas photographiée, est magnifique).
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J’avoue qu’avec ce livre le but était un peu de me faire autant plaisir qu’aux enfants, et mon objectif est pleinement atteint puisque je ne me lasse pas de le feuilleter, et que Solal particulièrement me réclame de plus en plus « la grande jungle ».

Je souhaitais enfin nous offrir le documentaire La jungle dans l’excellente collection « Mes premières découvertes » de Gallimard Jeunesse, mais il n’est plus disponible chez mon fournisseur en ligne préféré, de sorte que je n’ai pas pu me le faire rapporter en même temps que les deux autres. Ce sera pour cet été…

Voilà. Il en faut vraiment peu (mais on n’aura jamais trop de livres) pour être heureux, youpi !  :)

Eyi zaandè !

Bonne année tous !

Pour Déborah tout spécialement, voici un aperçu de Je t’aime tous les jours de Malika Doray, offert à Sol et Lou à Noël en prévision de mon absence du mois de février.

On a déjà Un câlin du même auteur, et le trait  sobre et stylisé du petit lapin qu’on retrouve comme personnage principal semble assez parlant pour les petits qui avaient de suite aimé ce livre. Dans Je t’aime tous les jours, on retrouve ce minimalisme toujours empreint de sensibilité mais sans pathos.
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Le texte est court mais rythmé (et joliment rimé), plein de tendresse et d’émotion, et la métaphore visuelle des petits cailloux blancs ramassés ensemble pour matérialiser le décompte des jours d’absence, très bien exploitée, permet à mon avis de vraiment aider un très jeune enfant à se représenter le temps qui reste avant de retrouver sa maman et de patienter.
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De plus, la réalité émotionnelle de l’enfant me semble vraiment bien prise en compte (chagrin, angoisse de ne jamais revoir la maman) et traitée avec simplicité : des sentiments naturels, et passagers grâce au réconfort du papa. Et la fin est toute joyeuse bien sûr et toute aussi naturelle, avec le retour de la maman.
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Un album qui va à l’essentiel pour aider à vivre avec sérénité la séparation temporaire.
Je compte bien ramasser ces 4 petits cailloux blancs lors de nos prochaines promenades, d’autant qu’on en trouve facilement sur notre parcours. :)

Ceci était une nouvelle participation à Chut, les enfants lisent de Devine qui vient bloguer.

Eyi zaandè !

J’avais pris la résolution en début d’année de redevenir un peu plus loquace sur ce blog, hélas n’ayant guère retrouvé le temps ni l’occasion pour le moment de me lancer dans des petites excursions photographiques, j’ai décidé néanmoins de participer ce mercredi à un rendez-vous virtuel que j’aime bien : « Chut, les enfants lisent ! » de chez Devine qui vient bloguer.

Je vous présente une histoire qui a tout de suite rencontré un succès fou chez nous : Très, très fort !, de Trish Cooke illustrée par Helen Oxenbury.
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« Il ne font rien de spécial, Maman et Petit Homme, non, rien de spécial… Quand tout à coup : DING DONG ! On sonne… »

Qui voilà ? Voilà tante Béa, voici l’oncle Tony, et aussi Mamy et Grand Ma, cousin Dan et gros cousin Pat… tous plus pittoresques les uns que les autres, et qui tous, vont montrer à leur manière à Petit Homme qu’ils l’aiment très, très fort !
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Mais ce n’est pas seulement en l’honneur de Petit Homme que toute la famille s’est réunie, on attend un dernier invité, et non des moindres…
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pour finir en apothéose et pouvoir aller se coucher le cœur gonflé de bonheur.

Plus un jour ne passe à la maison sans qu’on ne lise (au moins une ou deux fois) Très, très fort ! On le connaît tous par cœur, « je veux le manger TOUT CRU TOUT CRU TOUT CRU » est presque devenu une réplique culte (d’autant qu’on la retrouve presque à l’identique dans une autre de nos lectures), ainsi que : « Maman apporte à table les bonnes choses qu’elle a préparées » ! Les illustrations (de la même illustratrice que Deux petites mains et deux petits pieds)  sont pleines de vie et de tendresse , et le texte, à la structure répétitive, sonne apparemment si juste que les enfants se sont vite identifiés, décrétant même que Petit Homme était… Louna. ^^

Un chouette petit album qui montre bien qu’être ensemble pour profiter de chaque instant, c’est l’essentiel.

Eyi zaandè !

Chez nous les siestes n’ont jamais été calées très précisément, malgré nos efforts, et elles restent encore un peu aléatoires. Tantôt deux, tantôt une, en ce moment cela tend plutôt à se réduire à une grosse sieste d’une heure trente à deux heures en fin de matinée et rien l’après-midi, mais parfois l’un(e) la fait le matin et l’autre l’après-midi, ou encore le séjour dans la chambre se limite à un temps plus ou moins calme (surtout si les deux sont d’humeur festive ^^)… Bref, on s’arrange et ils trouvent quand même leur compte de sommeil.

Pour motiver un peu nos deux poupinous coquins, deux livres rigolos nous accompagnent. Le premier : A la sieste ! d’Iris de Moüy, dont j’adore le trait dynamique qui va à l’essentiel, et le traitement des 3 couleurs ajoutées au noir et blanc du dessin, assurant une grande cohérence graphique à cet album au format à l’italienne.
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L’humour des textes est aussi savoureux et du haut de  leurs 14 mois Solal et Louna semblent y être déjà sensibles, à moins qu’ils ne soient très attentifs aux intonations de ma lecture. Les animaux de la savane (zèbre, crocodile, hippopotame, éléphant, autruche, gazelle, lion, rhinocéros, hyène, léopard, girafe, singe et phacochère) n’aiment pas du tout faire la sieste, et le font chacun savoir, en se justifiant (ou pas !) avec plus ou moins de mauvaise foi.
alasieste1040024(« Non non », fait Louna en secouant la tête)

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Et voici la page préférée de Solal et Louna, qui les fait rire à chaque fois quand je prononce « jaaamais » avec une insistance traînante sur la première syllabe, à la manière béninoise :
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Mais la petite fille bien maline de la couverture va trouver une ruse pour contourner le problème :
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Je vous laisse deviner ou découvrir la chute malicieuse à souhait. Je pense que ce livre aura un succès durable vue la pertinence des réactions croquées par Iris de Moüy. En plus j’adore que les animaux mis en scène soient africains, ça tombe bien pour nous ! Qui sait, peut-être aurons-nous l’occasion d’aller rendre visite en famille à quelques-uns d’entre eux à la Pendjari d’ici quelques années… en nous arrêtant en route à l’auberge de Dassa pour saluer « Christian(e), seule autruche hermaphrodite d’Afrique de l’Ouest » ! ^^
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Avec le second livre, au titre très explicite lui aussi, on change de continent, d’animaux (plus familiers) et d’approche, mais pas de message : A la sieste, tout le monde ! de Yuichi Kasano, est un peu plus narratif et tout aussi réussi, que ce soit le texte (je trouve la traduction très musicale) ou les dessins, sobres mais expressifs.
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Un matelas qui prend l’air, et tout de suite c’est une invitation irrésistible à voyager au pays des rêves…
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Chat et grand-mère seront bien vite rejoints par une poule et ses poussins, un petit garçon et son chien, une chèvre, une maman cochon et ses deux petits porcelets. J’adore les poses abandonnées des poussins endormis au fil des pages ! ^^
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Là encore je réserve à votre curiosité la morale savoureuse de cette histoire, formulée par cette placide grand-mère.
Pour l’instant ce livre semble avoir un peu moins de succès, mais je suis sûre qu’il n’a pas dit son dernier mot !

Voilà, c’était une deuxième participation au rendez-vous hebdomadaire « Chut ! les enfants lisent » de « Devine qui vient bloguer »…

Eyi zaandè !

Pour Déborah tout particulièrement, et puisque le mercredi en général « Les enfants lisent  » grâce au rendez-vous proposé par Yolina de « Devine qui vient bloguer ?« , voici le compte rendu de l’accueil de « Parfois je me sens… » d’Anthony Browne à la maison.
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Solal et Louna sont en cours de familiarisation avec ce livre reçu la semaine dernière; comme d’habitude, Solal s’est tout de suite montré attentif dès les premières lectures, Louna un peu moins, mais elle me le tend volontiers en souriant pour que je le lui lise (même si elle se désintéresse apparemment au bout de quelques pages… tout en réclamant la suite si je m’arrête alors de lire).
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Les illustrations ont l’air de leur plaire, leur côté assez minimaliste et les couleurs franches doivent y être pour quelque chose (en tout cas ça l’est pour moi). Pourtant je suis un peu partagée, j’ai regretté que le personnage soit un petit singe en salopette, mais cela n’a pas l’air de désarçonner les enfants, qui sourient en le montrant du doigt. D’autre part je trouve que les illustrations, aussi bien que certains mots comme « je m’ennuie », « culpabilité », « inquiet »  ou « sûr de moi » ne sont pas toujours faciles à appréhender pour un petit, même vers 3 ans qui est l’âge recommandé pour ce livre (le singe inquiet est attablé,  se tenant le front, devant un cahier et un crayon, et moi, déformation professionnelle – ou professorale – aidant peut-être, je me pose sérieusement la question de ce que cette image fait passer comme message). De plus le lien entre certaines émotions qui se côtoient sur une double page ne m’apparaît pas toujours évident non plus (il ne s’agit pas toujours de contraires ni d’analogies).
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Je suis éminemment convaincue qu’il n’est jamais trop tôt pour apprendre à identifier ses émotions, mais je pense que Sol et Lou profiteront mieux de cet album un peu plus tard, même si certaines pages attirent déjà leur attention (« très heureux », « triste » et « colère » notamment ^^). Ce que j’ai apprécié le plus, c’est la double page finale récapitulative de toutes les illustrations, qui pose la question « Comment te sens-tu, TOI ? »
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Bref, je pense que ce livre sera surtout un bon support pour la verbalisation des sentiments avec des moyens petits, mais mes petits encore un peu petits à 13 mois sont plus familiers et à l’aise avec « Beaucoup de beaux bébés » par exemple (mais je dois reconnaître qu’ils le fréquentent depuis plus de 4 mois et que le concept est plus proche d’eux : le miroir final les renvoie à eux-mêmes pour leur plus grand plaisir, ils se font des bisous sur la glace ^^).

Eyi zaandè !

Lorsque Holly émerge trop tard de son sommeil en ce matin de Noël, elle peine à s’extraire d’une soudaine et lancinante intuition : « Quelque chose les avait suivis depuis la Russie jusque chez eux.»
Ce leitmotiv entêtant, cette prescience d’une révélation qui se dérobe à elle, va accompagner et rythmer cette journée parsemée de contretemps et contrariétés (blizzard michigan d’anthologie retardant les proches et la belle-famille invités au déjeuner traditionnel, mari retenu par l’hospitalisation imprévue de sa vieille mère, adolescente rétive qui semble vouloir punir sa mère pour ce réveil inhabituellement tardif en provoquant d’incessants conflits…). Bref, la confusion s’installe dans un temps suspendu comme la neige, n’aidant guère Holly, écrivain à la plume empêchée depuis des années, à ordonner et donner un sens à tous les souvenirs qui l’assaillent, de l’adoption de sa fille treize ans plus tôt en Sibérie à cette matinée où rien ne se déroule comme elle le souhaiterait… comme dans un mauvais rêve…

J’ai mis du temps à vraiment entrer dans la lecture de ce roman, dont les bribes lancinantes et répétitives de souvenirs qui le constituent m’ont d’abord donné le sentiment de m’engluer moi-même dans les méandres de la lassitude et du désarroi croissant de la narratrice, de plonger dans son engourdissement hébété (ma fatigue de ces derniers jours écrasants de chaleur, a contrario du blizzard, aidant sûrement aussi). Mais peu à peu, de nouveau détail en réajustement, se dessine la fatalité de la révélation pressentie qui s’impose enfin à Holly après un long déni ; et le dernier quart du roman devient vraiment haletant, oscillant entre le fantastique et l’issue inéluctablement catastrophique de ce huis clos répondant parfaitement aux unités de temps, de lieu et d’action de la tragédie la plus classique.
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Après une brève recherche sur l’auteure, je ne suis pas sûre d’avoir envie de lire un autre livre autant pétri d’angoisse (les deux dernières pages sont vraiment glaçantes), mais force m’est de reconnaître qu’elle fait preuve d’une écriture et d’une science de la construction narrative dont l’économie maîtrise parfaitement ses effets. De plus, la finesse dans la description des relations parfois ambivalentes entre mère et fille, renforcées par la problématique du long chemin de l’adoption internationale sinuant entre fol espoir et déchirement, la malédiction familiale qui pèse sur Holly et sa frustration latente d’écrivain, donnent à ce monologue intérieur une profondeur qui ne peut laisser indifférent.

Je suis contente de pouvoir maintenant m’attaquer, avec plus de légèreté sans doute, au second roman prêté par une collègue via la « bibliothèque tournante » organisée depuis peu par une autre collègue : Une place à prendre, de J.K. Rowling, aussi gros que le plus gros de ses Harry Potter. Vivent les vacances !

Premier roman lu en ce début d’année. Il me faisait de l’oeil depuis longtemps, avec ce titre un peu énigmatique, sa sortie remarquée en 2009, et son séjour prolongé sur ma table de nuit. Ce n’est pas mon préféré de Jonathan Coe parmi les 4 que j’ai lus, mais j’en retiendrai quand même finalement une impression de lecture agréable, même si la fin m’a déçue.

Je ne dévoilerai pas le point culminant du récit d’outre-tombe de Rosamond qui donne son titre au roman, mais c’est un beau moment, qui m’a rappelé que depuis toujours  ce que j’aime moi, dans la pluie avant qu’elle tombe, c’est l’odeur de la terre qui l’appelle.
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(Souvenir d’un ciel d’avant orage au Burkina, en avril 2012 ; un clic et la photo s’agrandit)

Je viens de finir Une promesse, de Sorj Chalandon (merci Emilie de me l’avoir laissé).
Ce n’est pas très gai, une histoire de deuil, de souvenirs, de fraternités. Avec une écriture pudique, précise, poétique et touchante. Du même auteur, j’avais déjà lu Mon traître, une toute autre histoire (quoique ?), plus âpre, parue en 2008, et je me souvenais avoir été déjà sous le charme de cette écriture.
Je le note ici pour moi, pour ne pas l’oublier, comme presque tout ce que je lis, malheureusement, mais j’espère aussi vous donner un peu envie de le lire. Jusqu’au milieu de ma lecture, je trouvais l’idée belle mais trop vite éventée, et pas assez développée. Mais la deuxième moitié du roman m’a donné tort. Même si c’est un conte pour adultes, comme tous les contes son charme est puissant.
Une promesse a reçu le prix Médicis 2006. C’est dire qu’il n’y a pas qu’à moi que ça a plu.

« Le bosco se relit. Il relit le professeur qui déserte, il relit Berthevin qui ment. Il n’est ni en colère, ni amer, ni révolté. Juste, il est inquiet. Il se demande combien de temps encore Léo frappera la cloche, combien de temps Ivan ouvrira les rideaux, les fenêtres et les volets. Il se demande combien de temps encore, Madeleine changera les draps, arrangera les oreillers, fera la poussière, dressera la table et fleurira le salon. Il se demande combien de temps encore Berthevin allumera l’électricité dans le salon. Combien de temps encore Paradis ouvrira les portes, et remontera la petite horloge.
(…) Il se dit que tous vont renoncer. Qu’il le sentait depuis quelque temps. Qu’il n’y a pas que Berthevin l’Andouille et Blancheterre le professeur qui baissent les bras. Il se souvient que Léo a passé deux fois son tour du mardi. Que Madeleine a oublié le bouquet d’hortensias deux jeudis de suite. Qu’Ivan néglige souvent d’ouvrir la fenêtre de la chambre. Que sans le verre de promesse, Paradis rendrait sûrement les clés. Depuis juin, un peu méfiant, un peu honteux, un peu malheureux aussi, il leur tend des pièges. »